La dynastie Han est la deuxième dynastie impériale de l’histoire de la Chine, et la première par sa durée. Elle régna pendant plus de quatre siècles, entre -206 et 220, au cours desquels 28 empereurs Han se succédèrent. Cette période constitue l’un des âges d’or de l’histoire de la Chine, avec des développements culturels, industriels, commerciaux et scientifiques importants ; elle est contemporaine de l’apogée de l’empire Romain.
Avec la mort de Qin Shi Huang en -210, l’empire Qin décline rapidement, ses héritiers n’ayant sans doute pas les épaules pour porter le lourd héritage laissé par le premier empereur. L’unification du pays n’est alors pas pleinement accomplie, et l’empire s’installe dans un véritable climat de guerre civile, marqué par de nombreuses révoltes.
Liu Bang, petit fonctionnaire issu d’une famille de paysans, est l’un des chefs de la rébellion. En -207, il vient à bout de ce qu’il reste de l’armée Qin, et prend la capitale Xianyang. En -202, après plusieurs années de lutte acharnée contre Xian Yu, autre chef militaire avec qui il avait partagé l’empire déchu, il reprend le titre d’empereur et fonde la dynastie des Han, qu’il dirigera jusqu’en -195. La ville de Chang’an (actuelle Xi’an), devient la capitale.
Liu Bang a pour nom d’empereur Han Gaozu. C’est un homme rustre, qui se méfie des intellectuels comme de ses anciens compagnons de bataille, mais qui va diriger l’empire avec une certaine bienveillance. Il va ainsi poursuivre l’unification de l’empire initiée par Qin Shi Huang mais, conscient des dommages causés par le régime répressif de ce dernier, il réduit les taxes, assouplit les lois pénales et déclare une amnistie générale. La lecture de livres est de nouveau autorisée.
C’est entre -202 et -186 qu’aurait été compilé le Suàn shù shū, le livre sur le nombre et le calcul, le plus ancien texte mathématique en langue Chinoise connu à ce jour.
La dynastie Han prend son apogée lors du règne de Liu Che, dont le nom d’empereur est Han Wudi, septième souverain de la dynastie entre -151 et -87.
Han Wudi place les valeurs confucianistes au cœur du système d’éducation. Il réorganise le gouvernement en conséquence, en renforçant la centralisation et la hiérarchisation ; il régule l’accès au pouvoir des aristocrates, et permet à des prolétaires talentueux d’occuper ces fonctions.
Ainsi renforcé et unifié, l’empire Chinois devient un terreau fertile pour le développement des arts et des savoirs savants. D’importants progrès techniques voient ainsi le jour sous la dynastie des Han, comme la brouette, la boussole, le sismographe ou encore le papier.
C’est sous le règne de Han Wudi que Sima Qian rédige le Shiji, les Mémoires Historiques, premier texte retraçant l’histoire de la Chine.
Après le Suàn shù shū, deux autres textes mathématiques importants sont compilés entre le deuxième et le premier siècle avant notre ère : le Zhoubi Suanjing, le Classique mathématique du Gnomon des Zhou, et le Jiǔzhāng Suànshù, les Neuf Chapitres sur l’art mathématique.
Mais Wudi est aussi l’empereur guerrier : Wu (武) signifie martial ou belliqueux, et Di (帝), Empereur. Lors de ses 54 années de règnes, il multiplie les conquêtes territoriales. L’empire s’étend jusqu’à l’actuel Vietnam au Sud, et la Corée au Nord-Est ; à l’Ouest, l’empire progresse significativement vers l’Asie centrale (voir carte ci-dessous).
Cette percée du territoire Han vers l’Ouest était motivée par la recherche d’une alliance militaire pour contrer les constantes attaques du peuple nomade Xiongnu au Nord. Elle permit les premiers contacts avec les populations issues de la Mésopotamie : la route de la soie s’ouvre ainsi à partir du premier siècle avant notre ère, reliant la Chine à l’Inde puis à Rome. Le commerce de cette étoffe, que les Chinois étaient alors les seuls à savoir produire, engendra un essor économique considérable.
La dynastie des Han connaîtra une brève interruption entre les années 9 et 24. Le premier ministre Wang Mang, devenu régent du très jeune empereur Han Pingdi (2 ans !), prend en effet le pouvoir et fonde la dynastie Xin (‘nouvelle‘). Idéaliste, Wang Mang voulu appliquer pleinement à sa politique les idéaux confucéens. Mais il se révéla incapable de gouverner. Le pays sombra dans le chaos, et l’éphémère dynastie Xin prit fin. Cette période interrègne scinde la dynastie Han en Han occidentaux (ou Han antérieurs), de -206 à 9, et Han orientaux (ou Han postérieurs) de 25 à 220.
Au deuxième siècle de notre ère, le pouvoir impérial perd considérablement de son influence, devenu incapable de gouverner un empire trop étendu et miné par les intrigues des familles nobles et des eunuques proches de la cour. Le pays sombre à nouveau dans une période de guerre civile. L’empire mobilise plusieurs seigneurs de guerre pour affronter une importante révolte paysanne, la rébellion des turbans jaunes. Devant la faiblesse du pouvoir central, ces seigneurs de guerre prennent le contrôle d’une multitude de provinces rivales. Au gré des luttes territoriales, trois royaumes rivaux se constituent et se disputent la succession d’une dynastie Han en fin de règne. C’est le début de la période des Trois Royaumes, qui vit entre 220 et 265 les royaumes de Shu, Wei et Wu s’affronter pour la domination de la Chine.
Aujourd’hui encore, la dynastie des Han est mise en avant et célébrée par le régime communiste Chinois, et une grande partie de la population se revendique comme descendant de ce peuple.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Groupe Histoire IREM Grenoble (9 juillet 2023). La dynastie Han. Neuf Chapitres Trois Quarts. Consulté le 12 décembre 2024 à l’adresse https://doi.org/10.58079/sbib
6 réflexions sur « La dynastie Han »